A-t-on vraiment émasculé Napoléon Ier ? C’est à cette question que répond l’éminent Pr Gérard Lucotte dans son livre captivant Qui a tué Napoléon ?, publié aux éditions Max Milo, où ce spécialiste de l’ADN passe au crible scientifique plusieurs énigmes tenaces liées à l’Empereur. Et l’une des plus insolites concerne son pénis, qui aurait été prélevé lors de l’autopsie pratiquée après sa mort sur l’île de Sainte-Hélène, en mai 1821…
L’opération vise à déterminer les causes de la mort, mais beaucoup en profitent pour récupérer quelques souvenirs de l’homme qui fit trembler l’Europe, notamment des morceaux du drap ensanglanté sur lequel est autopsié l’Empereur – les Anglais en prirent une grande partie. Le médecin Francesco Antommarchi dirige les opérations : envoyé par Madame mère pour soigner son fils, il était arrivé à la fin de la captivité de Napoléon, mais ce dernier ne lui faisait guère confiance et ne se gênait pas pour le rabrouer…
Ce jour-là, le praticien prélève deux morceaux de chair à l’insu des Britanniques, qu’il donne à deux proches : le majordome Coursot et l’abbé Vignali, corse lui aussi et aumônier de l’Empereur.
À LIRE AUSSI « Napoléon » : pourquoi Ridley Scott a choqué les FrançaisLa famille Vignali va conserver cette relique pendant près d’un siècle, avant de la revendre en 1916 à un antiquaire anglais. Lequel le cède pour 400 livres sterling au collectionneur américain Rosenbach en expliquant qu’il s’agit d’un « tendon momifié prélevé sur le corps de Napoléon lors de l’autopsie ». Il n’en fallait pas plus pour enflammer les imaginations, d’autant que Rosenbach commence à présenter l’objet au public : une exposition est organisée en 1927 au musée d’Art français de New York où les curieux viennent contempler ce morceau de chair énigmatique. La presse laisse entendre qu’il s’agirait du pénis du conquérant, le comparant à « une anguille ridée », « un morceau de bœuf séché », provoquant quelques « soupirs sentimentaux » et des « rires de femmes », rapportent les chroniqueurs…
3,8 centimètres
Sans compter les Britanniques qui trouvent là matière à rabaisser le vainqueur d’Austerlitz en ironisant sur son petit appendice – l’objet présenté mesurait en effet quelques centimètres, 3,8 pour être précis. Et d’avancer des hypothèses fumantes : se pourrait-il que le conquérant mît le feu à l’Europe pour afficher une virilité qui lui manquait cruellement dans son anatomie ? Après le nez de Cléopâtre, voilà un autre détail physique qui aurait eu des conséquences internationales insoupçonnées…
La légende est lancée, elle sera confortée par l’urologue américain John Kingsley Lattimer qui acquiert la fameuse relique en 1977, pour 3 000 dollars chez Drouot. L’homme est un passionné d’Histoire, il possède même un morceau de tissu de la limousine présidentielle où Kennedy trouva la mort à Dallas. Il conserve pieusement l’auguste phallus sous son propre lit, dans un beau coffret gravé d’un « N » couronné, et affirme à qui veut l’entendre qu’il s’agit bien là du sexe de Napoléon, découpé au dernier moment par le médecin Antommarchi qui voulait ainsi se venger de la façon dédaigneuse dont le conquérant l’avait traité…
À LIRE AUSSI Napoléon ou le goût des femmesPour appuyer ses propos, il prétend qu’il a passé la relique au scanner et que « les rayons X lui avaient permis de confirmer qu’il s’agissait bien d’un pénis », rapporte le Pr Gérard Lucotte dans son ouvrage scientifique sur Napoléon. « Comment ne pas croire un professeur d’urologie de l’université de Colombia ? » relève-t-il avec ironie. Car un scanner ne veut rien dire, seule une analyse poussée pourrait apporter des réponses précises…
Millionnaire chinois
Les hasards du destin vont permettre de résoudre l’énigme quand notre Sherlock Holmes du chromosome Y est contacté par le nouveau propriétaire du bout de chair impérial, le millionnaire chinois Sou Mong, qui a acquis la boîte et son contenu en 2016. Il souhaite savoir si, oui ou non, un pénis se trouve bien à l’intérieur… Il entre donc en contact avec le Pr Lucotte, directeur de l’Institut d’anthropologie et de génétique moléculaire, et lui envoie trois fragments pour analyse.
Le spécialiste procède alors à un examen au microscope électronique à balayage, puis réalise une extraction de l’ADN, amplifié par PCR, suivi d’un séquençage. « Ces échantillons présentaient des stries longitudinales, typiques des cellules musculaires, écrit le professeur dans son ouvrage. Ils étaient riches en calcium et phosphore. Il s’agissait donc de cartilage ou de tendon, et pas de pénis. Par séquençage, je retrouvai aussi la mutation caractéristique 16184T dans les fragments A et B. »
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En conclusion, un reste authentique de l’Empereur, mais un tendon et non un pénis… Le résultat fut publié en mai 2022 dans l’International Journal of Sciences : 200 ans après sa mort, l’honneur de Napoléon est sauf.
À lire : Qui a tué Napoléon ? Dix enquêtes scientifiques au secours de l’Histoire, de Gérard Lucotte et Philippe Bornet, préface de Jean Tulard, éditions Max Milo, 200 p., 21,90 €.
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