Pourquoi les IST augmentent

Guillaume* a pris l’habitude de se faire dépister. « Dans ma vie quotidienne, j’ai des comportements à risque. Pour moi, il est essentiel de me faire dépister régulièrement afin d’éviter de transmettre une infection à mes partenaires. Je vais tous les trois mois au CEGIDD de Poitiers pour me faire tester. »

Les infections sexuellement transmissibles (IST), autrefois appelées maladies sexuellement transmissibles (MST), sont en augmentation partout dans le monde. Valentin Giraud, médecin coordinateur du Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic du CHU de Poitiers, confirme que la France ne fait pas exception. « Les IST augmentent, mais cela est aussi lié à une meilleure détection grâce aux campagnes de dépistage. On en parle plus, donc on les découvre plus souvent.« 

Les jeunes pensent moins à se protéger

Parmi les IST, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dont la forme la plus avancée est la maladie du sida, bien sûr, mais d’autres infections comme la syphilis, le gonocoque ou les infections à papillomavirus inquiètent les autorités de santé. Depuis 2022, il est possible de se faire dépister gratuitement en laboratoire sans ordonnance. Depuis le 1ᵉʳ septembre 2024, le dépistage est gratuit et sans ordonnance pour quatre autres infections sexuellement transmissibles, : la gonorrhée, la chlamydiose, l’hépatite B et la syphilis. Un progrès significatif, surtout dans un contexte où les déserts médicaux compliquent l’accès aux soins. « On voit que cela a un impact positif, observe Giraud. Beaucoup plus de personnes viennent se faire dépister, notamment les jeunes.« 

Le préservatif reste le moyen le plus efficace pour lutter contre la propagation des IST. Mais son usage baisse en particulier chez les jeunes. « Certains jeunes n’ont pas le réflexe de l’utiliser ou pensent que cela n’est plus nécessaire avec les nouvelles avancées médicales, notamment pour le VIH. Mais les autres IST, moins connues, sont tout aussi dangereuses » constate Valentin Giraud. Guillaume a pris l’habitude de se protéger et de protéger les autres. « J’utilise des préservatifs, c’est fondamental, mais ce n’est pas une protection absolue. Il y a des pratiques qui peuvent entraîner une transmission malgré tout.« 

« Le dépistage joue un rôle crucial« 

Le préservatif protège efficacement contre de nombreuses infections, mais ne garantit pas en effet une protection totale contre toutes les IST, en particulier celles qui se transmettent par contact cutané, comme le papillomavirus. Un virus qui peut déclencher des cancers du col de l’utérus, de l’anus, du pénis et de l’oropharynx. Malgré les campagnes de vaccination dans les collèges, la couverture vaccinale reste insuffisante. « Le papillomavirus peut entraîner des complications graves. La vaccination est essentielle, mais elle suscite encore des réticences, regrette Giraud. Pourtant, elle est sûre et efficace pour réduire le risque de cancer.« 

Le dépistage régulier est essentiel pour interrompre la chaîne de transmission. Certaines IST, comme la chlamydia ou la syphilis, peuvent être asymptomatiques pendant de longues périodes, rendant les personnes infectées inconscientes du risque qu’elles représentent pour leurs partenaires. « C’est là que le dépistage joue un rôle crucial » souligne Valentin Giraud.

* Le prénom a été changé.