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C’est par la plainte inquiétante d’un chien que s’ouvre, avec le thème Future Legend, l’album Diamond Dogs, de David Bowie (1947-2016), le huitième de la carrière du chanteur et auteur-compositeur anglais. Ce disque, commercialisé le 24 mai 1974, est marqué par un son rock agressif, des éléments de soul music, des passages aux atmosphères étranges. Bowie y présente un monde urbain postapocalyptique, où vit une bande d’adolescents cruels, les « chiens de diamant » dirigés par l’androgyne Halloween Jack. Une partie des chansons – We Are the Dead, 1984, Big Brother, Chant of the Ever Circling Skeletal Family – renvoient à un projet précédent de Bowie, l’adaptation en comédie musicale du roman dystopique 1984, de George Orwell (1903-1950), publié en 1949. La veuve de l’écrivain refusera d’accorder les droits à Bowie.
Pour la pochette de ce disque sombre, désespéré, traversé de nombreuses références à la drogue, Bowie fait appel au dessinateur et peintre belge Guy Peellaert (1934-2008). Le chanteur a vu les portraits de personnalités du rock, travail mêlant photographie et peinture, rassemblés dans le livre Rock Dreams, publié en 1973. Dans les dernières pages de l’ouvrage, l’on trouve une image avec Lou Reed (1942-2013) au premier plan et un peu en arrière, Bowie.
Au verso de la pochette de Diamond Dogs, Bowie, maigre, regard qui nous fixe, torse nu, repose sur un plancher. Derrière lui, deux créatures femmes-chiens, au fond on distingue des gratte-ciel. Au recto, le corps de Bowie se prolonge en celui d’un chien aux deux pattes arrière élancées, griffes sorties. Le pénis de cet homme-animal est au repos, petite boule peu discernable qui n’a pas de quoi choquer.
Plusieurs milliers d’euros
Les patrons de la maison de disques de Bowie d’alors, la compagnie américaine RCA Records, ne sont pas du même avis et il est décidé de cacher ce sexe que l’on ne saurait voir en assombrissant l’entre-pattes. Ce que Bowie accepta. En Afrique du Sud, c’est même l’ensemble de la partie animale de Bowie qui a été recouverte, comme le montre un document dans la réédition du 30e anniversaire de l’album, en 2004.
Un premier lot des pochettes « non censurées » avait déjà été fabriqué avant que l’ordre de les détruire ne soit donné. Selon des spécialistes, quelques dizaines auraient été sauvées, sans qu’y soit inséré le disque. Qui se vendent de nos jours plusieurs milliers d’euros, parfois sans preuve formelle qu’il ne s’agisse pas de contrefaçons.
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