Mohammed Mogouchkov, qui a tué le professeur Dominique Bernard à Arras, a écrit un poème fleuve peu après son incarcération. D’après un psychologue, qui l’a expertisé, il baigne dans une « revendication auto-justifiée ».
Les résulats d’une expertise psychologique de Mohammed Mogouchkov ont été révélés… Cet homme de 21 ans, qui a tué il y a un an le professeur de lettres Dominique Bernard à Arras (Pas-de-Calais), a écrit un poème fleuve peu après son incarcération et selon psychologue, qui l’a expertisé, il baigne dans une « revendication auto-justifiée ». Le 13 octobre 2023, ce jeune Russe originaire d’Ingouchie s’est rendu dans son ancien lycée et y a mortellement poignardé l’un de ses ex-professeurs, Dominique Bernard, 57 ans. Mis en examen quatre jours plus tard, il a été écroué.
Un poème aux rimes accusatrices
Peu après, celui qui avait prêté allégeance à l’Etat islamique a écrit à la main des vers sur huit pages. Dans des rimes accusatrices, il déverse sa « haine » à l’égard des « athés » (sic), accusés d’avoir « renié » la Terre et d’avoir « squatté » ses « montagnes », ses « rivières », ses « palmiers ». Dans son viseur, les symboles de la République. « Et Marianne, qu’elle est belle ! Mais en quoi est-elle sacrée ? », écrit-il, s’indignant que « le troupeau », qui « squate » (sic) la Terre, « ose légiférer ». En février, un psychologue a expertisé le jeune homme, dans le cadre de l’information judiciaire le visant à Paris.
Selon son analyse, Mohammed Mogouchkov, aujourd’hui âgé de 21 ans, est marqué « par un probable déchirement identitaire » : entre « référentiels familiaux », notamment incarnés par son père fiché S pour radicalisation islamiste, et sa scolarisation en France. Dans son poème, Mohammed Mogouchkov énumère des situations qui semblent l’avoir choqué : « la piscine et sa nudité, à l’Ecole et la SVT, des pénis en plastique nous étaient donnés, en classe, en toute mixité ».
« Dominique Bernard, c’est lui que je visais »
D’après l’expert, il vit l’expulsion de son père de France en 2018 comme un « événement traumatique », qui survient « alors qu’il est scolarisé au lycée d’Arras », « lieu où il organise par la suite son passage à l’acte ». Aux juges antiterroristes qui l’ont interrogé au cours de l’enquête, il a assuré avoir ciblé son ancien professeur car l’enseignant incarnait « l’amour » de la France. « Appelez votre imam, qu’il me déradicalise. Mdr, il aura essayé », écrit-il aussi. « Qu’il essaye d’éteindre, en moi, la lumière d’Allah. J’ai la lumière à tous les étages, moi, et je ne parle pas de vos lumières, écrivains, dont l’encre a assombri (sic) le coeur de ce prof de français, Dominique Bernard, c’est lui que je visais ». Il a également critiqué les « OPEX (opérations extérieures, ndlr) à l’étranger » menées par la France, les comparant à la colonisation. De manière générale, « on note aujourd’hui une revendication auto-justifiée et théorisée de ces actes », a analysé plusieurs mois plus tard le psychologue, après avoir expertisé le jeune homme, à la « tonalité vengeresse et persécutoire ».
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